Dix mois de génocide à Gaza : la voie à suivre pour combattre la guerre

Des Palestiniens se rassemblent près des corps de leurs proches tués lors du bombardement israélien de la bande de Gaza, dans la morgue d'un hôpital de Deir al-Balah, le 16 juillet 2024. [AP Photo/Abdel Kareem Hana]

Alors que des millions d’étudiants reprennent leurs cours sur les campus universitaires et lycées des États-Unis, un avertissement direct doit être lancé : la menace de guerre mondiale et de fascisme est plus grande aujourd’hui qu’elle ne l’a jamais été depuis les années 1930.

Au Moyen-Orient, le génocide à Gaza s’intensifie, alors qu’Israël et les États-Unis continuent de provoquer une guerre plus large avec l’Iran. En Europe, la guerre par procuration menée par l’impérialisme américain et européen contre la Russie en Ukraine a coûté la vie à environ un demi-million d’Ukrainiens et à des dizaines de milliers de Russes. La récente invasion du territoire russe par les troupes ukrainiennes armées par l’OTAN présage plus directement que jamais la perspective d’un affrontement direct entre l’OTAN et la Russie, menaçant le monde d’une guerre nucléaire.

Dans les élections présidentielles américaines de 2024, le putschiste fasciste Donald Trump affrontera la vice-présidente de Joe Biden, Kamala Harris, profondément impliquée dans le génocide, la guerre en Ukraine et les préparatifs de guerre contre la Chine. Pendant ce temps, la classe dirigeante fait la guerre à la santé publique, permettant à la pandémie de COVID-19 – actuellement dans sa 9e vague – de ravager la population, tandis que de nouveaux virus comme le Mpox se propagent.

Ces chocs politiques ont déjà commencé à radicaliser une nouvelle génération de jeunes et de travailleurs. Depuis le début du génocide à Gaza, des millions de personnes dans le monde et des centaines de milliers aux États-Unis ont manifesté contre ce crime historique.

Les campus ont été une plaque tournante de protestation depuis le début du génocide. Terrifiés à l’idée que ce mouvement puisse s’étendre au-delà des universités, les démocrates et les républicains ont répondu par une campagne visant à éliminer la liberté d’expression sur les campus et à subordonner complètement le monde universitaire aux intérêts de l’impérialisme américain.

S’appuyant sur le mensonge calomnieux selon lequel l’opposition à la guerre et au génocide est de l’« antisémitisme », ils ont lancé l’attaque la plus ambitieuse contre la liberté d’expression depuis la période McCarthy. Plusieurs présidents d'université ont été contraints de démissionner et, pour la première fois depuis 1968, la police anti-émeute a été invitée par les administrations universitaires à réprimer violemment les manifestations étudiantes.

Alors que le nouveau semestre commence, la classe dirigeante intensifie cette campagne. Les campements sont désormais interdits à l’Université de Californie, à l’Université de l’État de Californie, à l’Université Rutgers et à l’Université Columbia. L'Université du Michigan, d’Ann Arbor, a imposé des restrictions particulièrement sévères à la liberté d'expression, abolissant de fait le droit à une procédure régulière et à des audiences équitables sous la surveillance des professeurs, tout en restreignant considérablement la liberté d'expression. L’Université de New York a de fait interdit toute critique du sionisme.

Le semestre à venir devrait être marqué par de nouvelles manifestations, voire potentiellement encore plus importantes. Mais ceci soulève la question essentielle: comment aller de l’avant ?

Les manifestations des dix derniers mois n’ont réussi ni à mettre un terme au génocide, ni à mettre un terme aux atteintes aux droits démocratiques. En effet, jusqu’à présent, elles ont été dominées par des éléments de la classe moyenne comme les Socialistes démocrates d’Amérique (DSA), qui fonctionnent comme une faction « de gauche » du Parti démocrate, et le Parti du socialisme et de la libération (PSL). Tout en faisant appel aux sentiments anti-impérialistes de la jeunesse par une rhétorique radicale, ils avancent une perspective qui menace de faire dérailler le mouvement et de démoraliser les manifestations.

Premièrement, ils ont limité les protestations à des tentatives de pression sur le Parti démocrate, le principal facilitateur du génocide, et sur les administrations universitaires, qui sont liées intimement à Wall Street et à la machine de guerre.

Deuxièmement, ils ont tenté de séparer le génocide à Gaza de la guerre en Ukraine et de l’histoire de décennies de guerres menées par l’impérialisme américain. Cela a contribué à empêcher toute compréhension selon laquelle la cause profonde du génocide à Gaza ne réside pas dans le choix de gouvernements ou de politiciens individuels, mais dans la crise objective du capitalisme mondial et l’émergence d’un nouveau dépeçage impérialiste du monde.

Troisièmement, ils s’efforcent d’empêcher les étudiants et les jeunes d’orienter leurs protestations vers la principale force révolutionnaire de la société qui peut mettre fin au génocide : la classe ouvrière internationale.

Les tâches et les dangers auxquels sont confrontés les jeunes et les travailleurs sont immenses. Le génocide à Gaza fait partie d’une banalisation beaucoup plus large de la mort de masse par la classe dirigeante, qui a commencé avec la pandémie et la banalisation d’une potentielle guerre nucléaire contre la Russie.

Aux États-Unis, comme dans de nombreux autres pays, la menace du fascisme est bien réelle. Trump menace les immigrés d’expulsions massives et les opposants politiques d’arrestation, imitant la rhétorique des régimes fascistes. Toutefois, les droits démocratiques ne peuvent être défendus en soutenant le Parti démocrate. Harris cherche à intensifier la politique de guerre mondiale de l’administration Biden. Dans leur attaque contre les droits démocratiques dans leur pays, les démocrates ont forgé une alliance avec les républicains fascistes qui ont tenté de renverser la constitution le 6 janvier 2021.

Le Mouvement international des jeunes et des étudiants pour l’égalité sociale (IYSSE), l'organisation étudiante et de jeunesse du Comité international de la Quatrième Internationale, appelle donc les jeunes et les étudiants à lutter pour construire un mouvement socialiste et anti-guerre enraciné dans une force sociale et politique totalement différente : la classe ouvrière. Nous proposons les principes suivants comme fondements de cette lutte :

  1. La lutte contre la guerre doit être basée sur la classe ouvrière, la grande force révolutionnaire de la société. Les bureaucraties syndicales et le Parti démocrate font tout pour empêcher toute expression indépendante des intérêts et de la lutte de la classe ouvrière. Mais une rébellion contre l’emprise des bureaucraties syndicales et les attaques contre le niveau de vie qui dure depuis des décennies se prépare parmi les travailleurs de l’automobile, les enseignants, les infirmières et d’autres sections de la classe ouvrière aux États-Unis et dans le monde. Ce mouvement grandissant de la classe ouvrière doit être directement lié à la lutte contre la guerre.
  2. La classe dirigeante ne peut pas mener une guerre à l’étranger sans mener une guerre contre les droits démocratiques et sociaux de la classe ouvrière à l’intérieur du pays. C’est pourquoi l’opposition à la guerre est partout criminalisée. En Ukraine, le jeune leader trotskiste Bogdan Syrotiuk a été arrêté parce qu’il lutte pour unifier les travailleurs de Russie et d’Ukraine contre la guerre. Cela souligne que la lutte contre la guerre est indissociable de la lutte pour défendre les droits sociaux et démocratiques de la classe ouvrière.
  3. La lutte contre la guerre est une lutte contre le capitalisme et pour le socialisme. Il ne peut y avoir de lutte sérieuse contre la guerre et les attaques contre les droits démocratiques sans une lutte pour mettre fin à la dictature du capital financier et au système économique qui est la cause fondamentale du militarisme et de la guerre.
  4. Cette lutte doit donc être menée en totale indépendance de tous les partis bourgeois. Aux États-Unis, cela inclut avant tout le Parti démocrate, qui est le principal instigateur de la violence impérialiste dans le monde depuis des décennies.
  5. La lutte contre la guerre et la menace du fascisme ne peut réussir qu’en tant que lutte internationale. Comme a déclaré le Comité international en 2016 : « À la guerre permanente de la bourgeoisie, il faut opposer la perspective de la révolution permanente de la classe ouvrière, dont le but stratégique est d'abolir le système des États-nations et d'établir une fédération socialiste mondiale. Cela permettra le développement rationnel et planifié des ressources mondiales et, sur cette base, l'éradication de la pauvreté et l'expansion de la culture humaine vers de nouveaux sommets. »

Les jeunes et les étudiants ne peuvent pas mener une telle lutte sans entreprendre une étude sérieuse de l’histoire et du trotskisme, le marxisme du 21e siècle. Dans les semaines et mois à venir, l’IYSSE organisera des réunions publiques sur la lutte contre la guerre et le fascisme, les élections de 2024 et la perspective du trotskisme sur les campus partout dans le pays.

Nous appelons tous les étudiants et jeunes lycéens à assister à ces réunions. Contactez-nous dès aujourd'hui pour créer un club de l'IYSSE dans votre université ou lycée ! Commencez à étudier sérieusement l’histoire du mouvement trotskiste ! Luttez pour amener une politique marxiste aux travailleurs et aux jeunes !

(Article paru en anglais le 26 août 2024)

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