Un incendie criminel antisémite frappe une synagogue à la Grande-Motte, en France

Samedi matin, un homme a perpétré un incendie criminel contre la synagogue de Grande-Motte, près de Nîmes, dans le sud de la France. Armé d'une arme de poing et, selon certaines informations, d'une hache, il a utilisé des bouteilles remplies d'un liquide inflammable pour mettre le feu à l'entrée de la synagogue et à plusieurs véhicules sur le parking. L'un de ces véhicules contenait une bouteille de gaz qui a explosé, blessant un policier municipal en service à la synagogue.

Selon la police, l'homme portait un keffieh, s'est drapé dans un drapeau palestinien lors de l'attaque, et n'a pas essayé de cacher son visage aux caméras de sécurité de la synagogue. La police militaire française l'a identifié et traqué en suivant son téléphone portable, qu'il avait avec lui à la synagogue. Ils l'ont appréhendé samedi soir à Pissevin, une banlieue ouvrière de Nîmes. Il a échangé des coups de feu avec les forces de l'ordre, qui l’ont ont atteint au bras et au visage avant de l'arrêter.

Des sources du ministère de l'Intérieur ont identifié l'assaillant par l'intermédiaire du magazine d'extrême droite Current Values comme étant El Hussein Khenfri, un immigrant algérien de 33 ans. D'après les informations disponibles, il a perpétré l'attentat motivé par des sentiments antisémites attisés par le génocide du peuple palestinien à Gaza par le régime israélien.

Si l'attaque a été réactionnaire, il en va de même pour les dénonciations totalement hypocrites et fausses de l'attaque par les politiciens capitalistes français qui soutiennent le génocide israélien à Gaza. Il est politiquement obscène de leur part de se présenter comme des combattants antisémites dans un pays où l'État capitaliste a pleinement participé à l'Holocauste des Juifs européens pendant la Seconde Guerre mondiale, et où l'impérialisme français et ses alliés de l'OTAN soutiennent aujourd'hui un nouveau génocide à Gaza.

« Nos pensées pour les fidèles de la synagogue de La Grande-Motte et tous les Juifs de notre pays», a écrit le président Emmanuel Macron sur X/Twitter, ajoutant : « La lutte contre l’antisémitisme est un combat de chaque instant, celui de la nation unie ».

Le Premier ministre sortant Gabriel Attal, qui s'est rendu sur les lieux du crime avec le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, a imputé l'attaque aux forces de gauche sympathisantes du peuple de Gaza depuis le soulèvement du 7 octobre 2023 à Gaza et le lancement du génocide de Gaza par le gouvernement israélien.

« Nous voyons très bien que, surtout depuis le 7 octobre, certaines forces ont incité à un certain climat, beaucoup de confusions ont été générées par ceux qui incitent à la haine des Juifs dans notre pays », a déclaré Attal. Il a ajouté qu'il ne « voulait pas aller plus loin », car « chaque personne a sa propre idée sur cette question ». Cependant, les médias capitalistes ont rapidement identifié la cible des remarques d'Attal comme étant Jean-Luc Mélenchon et les millions de travailleurs qui ont voté pour le parti La France insoumise (LFI) de Mélenchon aux élections présidentielles de 2022 et aux récentes élections du 7 juillet.

Les tentatives du gouvernement Macron d'imputer les attaques antisémites au sentiment de gauche dans la classe ouvrière sont des mensonges politiques. Les haines raciales et les meurtres raciaux sont odieux pour les travailleurs de gauche en France et à travers le monde. Ceux qui incitent à la haine raciale ne sont pas ceux qui sympathisent avec les hommes, les femmes et les enfants innocents massacrés à Gaza, mais les politiciens français, à commencer par les plus hauts échelons du gouvernement Macron, qui soutiennent le génocide de Gaza et incitent l'extrême droite en France.

En effet, alors qu'il s'appuie de plus en plus sur la police anti-émeute pour réprimer l'opposition de masse à ses politiques d'austérité et de guerre, le gouvernement Macron a eu recours à l'incitation au sentiment d'extrême droite qui sévit au sein de la police. Le ministre de l'Intérieur, Darmanin, est tristement célèbre pour sa déclaration en 2011 selon laquelle il déteste voir des aliments casher ou halal dans les épiceries françaises. La déclaration la plus significative, cependant, a été faite par Macron lui-même.

En 2018, alors qu'il envoyait la police anti-émeute à l'assaut des manifestations des « gilets jaunes » contre les inégalités sociales, Macron a salué Philippe Pétain, le traître condamné et dictateur collaborationniste nazi, comme un « grand soldat ». Il s'agissait d'une déclaration sans précédent de respect pour la politique d'extrême droite et de collaboration avec le nazisme de la part d'un chef d'État français.

La légitimation par le gouvernement Macron du sentiment d'extrême droite l'a finalement conduit à une alliance avec le néofascisme en soutien au génocide de Gaza. L'année dernière, ses responsables ont rejoint les dirigeants du Rassemblement national (RN) d'extrême droite (dont le fondateur, Jean-Marie Le Pen, a nié l'Holocauste), dans des marches pour soutenir la guerre du gouvernement israélien contre Gaza. Cette année, Macron a invité le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui fait maintenant l'objet de mandats d'arrêt internationaux pour génocide, à assister aux Jeux olympiques de Paris.

La lutte contre l'antisémitisme ne peut pas être menée en unissant la France, comme le prétend Macron, surtout lorsque l'État lui-même légitime le racisme politique et le génocide. En effet le faux argument du gouvernement, selon lequel s'opposer à l'antisémitisme implique nécessairement un soutien à Israël, encourage implicitement l'antisémitisme parmi ceux qui, en regardant le massacre industriel implacable à Gaza, concluent qu'ils s'opposent totalement à l'État d'Israël.

L'attaque de Grande-Motte est un avertissement urgent de la nécessité d'unir et de mobiliser les travailleurs, y compris les travailleurs musulmans et juifs, dans la lutte contre l'État policier capitaliste et le génocide de Gaza.

C'est ce qui sous-tend la faillite de la position de Mélenchon sur l'attaque de la Grande-Motte. Il a répondu par un tweet déclarant : « Incendie criminel contre la synagogue de la Grande-Motte. Un crime intolérable. Nos pensées vont aux fidèles et aux croyants qui sont ainsi assaillis. La laïcité et la liberté de conscience sont les filles de la liberté de culte. N'oublions jamais cela”.

Les médias capitalistes et les forces politiques proches de Macron ont réagi en dénonçant le tweet de Mélenchon, car il ne faisait pas explicitement référence à l'antisémitisme. Ces déclarations, comme les précédentes dénonciations par le gouvernement Macron des déclarations de solidarité de Mélenchon avec Gaza comme antisémites, sont des mensonges éhontés. L'opposition au génocide de Gaza, dont on estime aujourd'hui qu'il a coûté la vie à plus de 186 000 hommes, femmes et enfants, est en fait essentielle pour lutter contre l'incitation au racisme politique par la classe dirigeante et par le gouvernement Macron.

Mais Mélenchon et le Nouveau Front populaire (NFP), formé cette année par LFI, le Parti socialiste de la grande entreprise, les Verts et le Parti communiste français stalinien, ont travaillé à étouffer l'opposition de la classe ouvrière à Macron – même lorsque Macron a refusé de laisser le NFP essayer de former un gouvernement après avoir remporté les élections législatives de 2024. Le génocide de Gaza, les coupes dans les retraites de Macron et son appel à envoyer des troupes françaises en Ukraine pour combattre la Russie sont tous massivement impopulaires. Pourtant, depuis sa victoire aux élections de juillet, le NFP n'a appelé à aucune manifestation ni grève.

Cette répression réactionnaire de l'opposition politique de masse dans la classe ouvrière crée une atmosphère surréaliste et démoralisante dans laquelle le racisme politique prospère sans aucune opposition visible.

De manière significative, un candidat de LFI, Charles Ménard, a remporté les élections du 7 juillet à Nîmes avec 54 pour cent des voix. En particulier dans les banlieues d'immigrants comme Pissevin, où Khenfri a vécu, il y a une opposition substantielle à Macron et au génocide de Gaza. Pourtant, cette opposition ne peut trouver aucune expression concrète et collective dans des conditions où le NFP et les bureaucraties syndicales bloquent la construction d'un mouvement dans la classe ouvrière contre le capitalisme, la guerre et le génocide.

C'est dans ces conditions putrides que les éléments les plus désorientés, indignés par le génocide à Gaza, deviennent vulnérables aux humeurs racistes et finissent par commettre des attaques antisémites.

La question décisive dans la lutte contre le racisme politique et le génocide est la mobilisation de la classe ouvrière, indépendamment des bureaucraties du NFP, dans un mouvement anti-guerre socialiste international.

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