Macron refuse de nommer le Nouveau Front populaire au gouvernement

Après que Macron a terminé lundi une série de pourparlers avec les dirigeants des partis parlementaires, il a refusé de choisir un Premier ministre pour tenter de rassembler une majorité à l’Assemblée. L'Élysée a indiqué que Macron ne nommerait pas de Premier ministre du Nouveau Front populaire (NFP) dirigé par Jean-Luc Mélenchon, qui a remporté les élections du 7 juillet.

En piétinant les élections, Macron met en évidence la crise insoluble de la démocratie française et ses propres liens profonds avec le néofascisme. Son refus de permettre au NFP d'essayer de rassembler une majorité au Parlement a laissé la France sans gouvernement pendant près de deux mois. Pour expliquer cette position, l'Elysée a déclaré que le NFP est inacceptable pour les députés du Rassemblement national (RN) d'extrême droite et de la coalition Ensemble de Macron, qui s'uniraient pour faire chuter tout gouvernement formé par le NFP:

Au terme des consultations, le Président de la République a constaté qu’un gouvernement sur la base du seul programme et des seuls partis proposés par l’alliance regroupant le plus de députés, le Nouveau Front Populaire, serait immédiatement censuré par l’ensemble des autres groupes représentés à l’Assemblée nationale. Un tel gouvernement disposerait donc immédiatement d’une majorité de plus de 350 députés contre lui, l’empêchant de fait d’agir. Compte tenu de l’expression des responsables politiques consultés, la stabilité institutionnelle de notre pays impose donc de ne pas retenir cette option.

Cette promesse de travailler avec le RN pour faire chuter le NFP déclenchera une confrontation explosive avec la classe ouvrière. Les travailleurs savent que Macron gouverne contre le peuple, ayant imposé sa réforme des retraites en 2023 en envoyant les forces de l’ordre attaquer grèves et manifestations. 91 pour cent des Français rejettent cette réforme, et une proportion similaire s'oppose à son appel à envoyer des troupes françaises en Ukraine faire la guerre à la Russie.

Le détournement constant de la richesse sociale par la classe capitaliste vers la guerre impérialiste et les sauvetages des banques face à une profonde opposition populaire, surtout dans la classe ouvrière, provoque un effondrement des formes démocratiques de gouvernement.

Le gouvernement démissionnaire du Premier ministre sortant Gabriel Attal a commencé à préparer un budget d'austérité pour geler les dépenses sociales. Les gouvernements des affaires courantes ne peuvant pas prendre de décisions budgétaires, cela souligne l'illégitimité du régime Macron. Cela provoquera une opposition acharnée dans la classe ouvrière contre l'austérité, la guerre impérialiste et le soutien de la Français et de l'OTAN au génocide israélien à Gaza.

Un débat fait rage dans la bourgeoisie française pour décider quelle coalition à former pour tenter d'étrangler politiquement cette opposition. À l'approche des élections du 7 juillet, Macron a mené des discussions approfondies avec le RN prépant l'installation d'un gouvernement d'extrême droite. Mais les élections n'ont pas abouti à une victoire du RN mais du NFP: des millions de travailleurs, surtout dans les grandes villes, ont voté NFP pour faire barrage aux néofascistes.

Le communiqué de l'Élysée lance un appel aux alliés de Mélenchon au sein du NFP, surtout le PS bourgeois et ses alliés traditionnels, le PCF stalinien et les Verts. Il les a appelés à faire exploser le NFP, à abandonner Mélenchon et à rejoindre la coalition macronienne dans une alliance gouvernementale soutenue par la droite traditionnelle. Implorant le PS, le PCF et les Verts de «coopérer avec les autres forces politiques», le communiqué déclarait :

Les échanges avec le groupe LIOT et les partis EPR, MODEM, Horizons, les Radicaux et UDI ont dessiné des voies de coalition et de travail commun possibles entre différentes sensibilités politiques. Ces groupes se sont montrés ouverts à soutenir un gouvernement dirigé par une personnalité qui ne serait pas issue de leurs rangs.

Mais pour l'heure, le PS et ses alliés ont rejeté l'appel de Macron et attaqué son refus de laisser le NFP former un gouvernement. Le PS a dénoncé un «coup de force» et de « rejet d'un gouvernement de gauche, parce qu'il en rejette et méprise le programme». La dirigeante des Verts, Marine Tondelier, a qualifié de «honte» l’«irresponsabilité démocratique dangereuse» de Macron, s'engageant à se «battre pour respecter la volonté des Français: les trois quarts d'entre eux veulent une rupture politique avec le macronisme».

Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a déclaré qu'il ne rencontrerait Macron que «pour construire un large gouvernement dirigé par Lucie Castets», le bureaucrate du ministère des Finances que Mélenchon a approuvé en tant que Premier ministre proposé par le NFP.

Mélenchon a réitéré ses menaces proférées de présenter à l'Assemblée nationale une motion de destitution de Macron. «La réplique populaire et politique doit être rapide et ferme», a-t-il tweeté. «La motion de destitution sera déposée.»

Mardi, l'Union des étudiants (UE) et l'Union nationale des lycéens (UNL) ont appelé à des manifestations nationales «contre l'autocratie d'Emmanuel Macron». Peu après, LFI a lancé un appel à se joindre aux manifestations UE-UNL. Le PS n'a pas encore fait de déclaration de soutien ou d'appel à participer aux manifestations UE-UNL le 7 septembre.

Il faut construire un mouvement puissant des jeunes et des travailleurs pour faire chuter le régime d'État policier de Macron. Il faut stopper l'agression militaire à l'étranger et la guerre de classe à l'intérieur que mènent Macron et tous ses alliés de l'OTAN doivent cesser. Il faut cependant ajuter un avertissement critique: Cela ne peut se faire dans une perspective nationale de construction d'un gouvernement capitaliste dirigé par le NFP et, en particulier, par le PS, un parti bourgeois profondément hostile au socialisme et à la classe ouvrière.

Malgré toutes les proclamations de divergences insurmontables entre les différents partis qui bloquent la formation d'un gouvernement, les différences séparant ces différents partis sont en fait relativement mineures. Le NFP a approuvé dans son programme l’appel à envoyer des troupes en Ukraine et à renforcer les services de police et de renseignement français. Sur la guerre impérialiste et sur l’État policier, le PS et Mélenchon n’avancent pas une politique fondamentalement différente de celle de Macron.

De plus, malgré les menaces de Mélenchon de destituer Macron et l'insistance de Macron sur le fait qu'il n'acceptera pas un gouvernement NFP, la forme du gouvernement qu'ils proposent est également similaire.

Le NFP a 193 des 577 sièges à l'Assemblée. Ainsi, la motion de destitution prônée par Mélenchon est vouée à l'échec, tout comme les nombreuses motions de censure que LFI a déjà présentées contre Macron. De plus, quel que soit le gouvernement que le NFP pourrait former, même s'il incluait LFI et Mélenchon, il dépendrait de la conclusion d'un accord avec Macron et la série de petits partis de droite qui lui sont alliés – comme le propose Macron actuellement.

En se disant prêt à soutenir un gouvernement dirigé par le PS dans lequel LFI n'aurait pas de ministres, Mélenchon a signalé qu'il était ouvert à un compromis sur la question qui sépare le plus clairement Macron du NFP: la participation de Mélenchon et de LFI au gouvernement.

N’ayant pas de différences fondamentales avec Macron, Mélenchon et le NFP ont refusé jusqu'à présent d'appeler manifestations ou grèves contre le coup de force de Macron. A présent que les manifestations contre Macron recommencent, travailleurs et les jeunes doivent reprendre le contrôle de leurs propres luttes aux bureaucraties du NFP. Les mobilisations récentes contre le génocide de Gaza, l'austérité sociale et salariale doivent être transformées en un mouvement de la classe ouvrière internationale contre la guerre impérialiste et le capitalisme et pour le socialisme.

Loading