Refusez la liquidation organisée par le syndicat!

IG Metall approuve 35 000 suppressions d'emplois et des milliards d’euros de baisse des salaires chez VW

Le syndicat IG Metall et le comité d'entreprise de Volkswagen (VW) dirigé par Daniela Cavallo ont convenu de supprimer 35 000 emplois en Allemagne et de baisser les salaires de plusieurs milliards d'euros. Il faut immédiatement organiser la résistance à cette attaque.

Les travailleurs de Volkswagen participent à un rassemblement lors d'une ‘grève d'avertissement’ nationale sur le terrain de l'usine principale de Volkswagen, à Wolfsburg, en Allemagne, le lundi 2 décembre 2024. [AP Photo/Julian Stratenschulte]

«C’est une semaine vraiment historique», a déclaré vendredi soir IG Metall lors de sa conférence de presse, annonçant sa capitulation totale devant les intérêts des actionnaires de Volkswagen. La liquidation que veulent imposer IG Metall et le comité d’entreprise est effectivement « historique». Jamais auparavant, il n’y avait eu une telle casse en si peu de temps dans l’industrie automobile allemande.

Suppression d’un emploi sur quatre en Allemagne d’ici 2030, réduction permanente de la capacité de production de 734 000 unités (à peu près l’équivalent de la capacité de l’usine principale de VW à Wolfsburg), renoncement aux augmentations de salaires pendant des années, suppression des primes et indemnités de congé: Cavallo décrit tout cela comme une «solution à toute épreuve ». Cela permettra à l’entreprise d’économiser 15 milliards d’euros par an, dont 1,5 milliard d’euros proviendra des salaires.

Le syndicat justifie sa capitulation en affirmant que licenciements et fermetures d'usines sont exclus. La sécurité de l'emploi serait rétablie et prolongée jusqu'en 2030.

Quelle mascarade! Les 35 000 emplois disparaîtront à jamais, même s'ils sont supprimés par le biais de retraites anticipées, d'indemnités de départ et autres mécanismes similaires au lieu de licenciements secs. Et que dire des centaines de milliers de personnes qui travaillent dans des entreprises et des sous-traitants dépendants de VW et de ses salariés? Ils perdront leur emploi sans aucune protection sociale.

Selon les médias, les parties à la négociation collective ont «débattu» pendant plus de 70 heures, sur cinq jours, pour parvenir à un accord. En fait, tout cela était une mise en scène. Le résultat n’a été annoncé que vendredi soir, au début des vacances de Noël, pour empêcher un soulèvement spontané de la base.

IG Metall et le comité d’entreprise ont accepté presque tout ce que l’entreprise leur demandait, et dans certains cas même plus. En amont des négociations collectives, l’entreprise avait exigé 30 000 suppressions d’emplois, la fermeture de trois usines, une réduction de capacité de 500 000 unités et une baisse des salaires de 10 pour cent.

Avant les négociations collectives, IG Metall avait déjà proposé une réduction des salaires, et la direction a désormais largement adopté cette proposition. Elle a renoncé à la réduction nominale de 10 pour cent demandée des salaires. Au lieu de quoi, les salaires seront gelés pendant des années et baissés de cette manière.

Les primes et les indemnités de congés seront également baissés. Les primes de mai et les indemnités congés convenus collectivement seront supprimés en 2026 et 2027 et ne reviendraient à leur niveau antérieur qu'en 2031. La prime d'ancienneté sera également amputée. Dans les années à venir, seuls 650 apprentis seront embauchés au lieu de 1150.

«Aucune usine ne sera fermée», affirme IG Metall. Cela ne vaut que pour l’immédiat. La production de véhicules dans l’usine de Dresde, qui n’emploie actuellement que 300 salariés, prendra fin 2025. Un «concept global d’alternative était en cours d’élaboration» pour la période suivante. L’usine VW d’Osnabrück, qui emploie 2 000 salariés permanents (la plupart des 1 000 intérimaires ont été licenciés), produira le cabriolet T-Roc jusqu’à la fin de l’été 2027, date à laquelle elle sera vendue ou fermée.

Les autres usines ne sont, elles aussi, épargnées qu’à court terme. La réduction des capacités de production de 750 000 véhicules augure de la fermeture progressive des usines. Alexander Krüger, économiste en chef de la banque privée Hauck Aufhäuser Lampe, prédit dans la Wirtschaftswoche: «La pression concurrentielle sur les prix nécessitera probablement d’autres ajustements à un stade ultérieur.»

Les usines de véhicules 100 pour cent électriques d'Emden et Zwickau en particulier étaient envisagées comme candidates à la fermeture. Désormais, seule la production de l'Audi Q4 e-tron reste à Zwickau ; à Emden, celle de l'ID.7, de l'ID.7 Tourer et à partir de 2026 de la nouvelle ID.4 ReSkin. Des capacités sont également supprimées dans toutes les autres usines, Wolfsburg cédant la production de la Golf à l'usine mexicaine de VW à Puebla, en échange d'un engagement à construire l'ID.Golf.

Les responsables politiques et le groupe VW ont réagi avec enthousiasme à l'accord de liquidation. «Avec l’ensemble de mesures obtenu, l'entreprise a posé des jalons décisifs pour son avenir en termes de coûts, de capacités et de structures», a déclaré Oliver Blume, PDG de VW.

Le chancelier allemand Olaf Scholz (SPD) a qualifié cet accord de bonne nouvelle. Le ministre-président du Land de Basse-Saxe Stefan Weil (SPD), qui siège au conseil de surveillance de VW puisque le Land détient 20 pour cent des actions de VW, a déclaré: «Il s'agit d'un énorme train de mesures qui garantit l'avenir de Volkswagen à long terme.»

S’est à présent produit précisément ce contre quoi le World Socialist Web Site et le Parti de l’égalité socialiste avaient mis en garde dans les semaines passées. La commission des négociations collectives, dirigée par Thorsten Gröger, négociateur en chef du syndicat, et Daniela Cavallo, présidente du comité d'entreprise général du groupe, n'a pas «négocié» au cours des cinq cycles de discussions. Elle a bien plutôt discuté avec le conseil d’administration de VW des mécanismes qui permettraient d’imposer les attaques visant les salariés et exigées par les actionnaires, en particulier la famille milliardaire Porsche-Piëch.

Ce que les syndicats et les comités d’entreprises appellent encore «partenariat social» et « cogestion» est en réalité une conspiration des directions et des propriétaires contre les salariés. Il n’y a pas de «cogestion». Si les syndicats et les comités d’entreprise agissent à leur guise, il n’y aura pas de vote des salariés sur le contenu sinistre de cet accord.

Il faut organiser la résistance contre cela. Les collègues qui veulent vraiment se battre doivent créer des comités d'action indépendants qui luttent pour les intérêts sociaux des travailleurs et non pour les intérêts et les profits des actionnaires.

Il est important de regarder au-delà des portes du trust. Car le conflit chez VW n’est que la plus claire manifestation d’un «tournant» dans la politique sociale. De même que la classe dirigeante mise à nouveau sur le réarmement et la force militaire en politique étrangère, elle mise à nouveau sur la confrontation dans la politique sociale.

Les constructeurs automobiles mondiaux se livrent une lutte acharnée pour les profits et les marchés de vente, sur le dos de leurs salariés. Dans le même temps, ils font pression sur les gouvernements pour obtenir des subventions et la suppression des réglementations pour l’environnement. Troisième partenaire de cette alliance, les syndicats sont responsables de la mise en œuvre des attaques lancées contre les salariés.

L'IG Metall, le SPD et tous les autres partis du Bundestag (Parlement) étaient déterminés à empêcher les 130 000 employés de VW de se mettre en grève en pleine campagne électorale et de lancer une contre-offensive qui aurait contrecarré leur projet de porter au pouvoir un gouvernement droitier et sans scrupules pour attaquer frontalement la classe ouvrière.

Les travailleurs doivent s’opposer aux attaques lancées contre l’emploi, les salaires et les droits et ce, bien au-delà du secteur automobile. Les salariés de VW ne doivent pas se laisser embrigader par les syndicats et les comités d’entreprise dans la «lutte darwinienne pour la survie» des grands trusts automobiles.

Il faut construire le Comité d'action de VW et exiger:

  • Pas d'accord sans vote! La commission de négociation d'IG Metall n'a pas pour mandat de négocier des suppressions. La revendication était une augmentation de 7 pour cent des salaires et des traitements, pas des baisses de salaires et des fermetures d'usines. Le résultat de la négociation doit être soumis au vote de l'ensemble des salariés! Les détails de l'accord doivent être pleinement divulgués.

  • Pas un centime pour les dividendes! Le droit au travail et à un salaire décent est plus important que les intérêts financiers des investisseurs. Les milliards qui ont été remis aux propriétaires, en premier lieu à la famille Porsche-Piëch et aux cheikhs du Qatar, doivent être investis dans la production de voitures de qualité et de prix accessibles.

  • Pour la Convocation immédiate d’assemblées générales d'entreprise en vue d'une grève totale illimitée! Des comités d'action de la base composés de travailleurs qui veulent réellement lutter pour les intérêts des salariés doivent être constitués sur tous les sites.

  • Pour la coopération et l'unité internationales des salariés! Les délégations de travailleurs militants des comités d'action élus aux assemblées d'usine doivent prendre contact avec les salariés de VW dans le monde entier, en Europe, aux États-Unis, en Amérique Latine et du Sud, en Asie et en Afrique.

  • Contactez-nous pour agir dès maintenant. Envoyez un message via WhatsApp au +491633378430 et inscrivez-vous en utilisant le formulaire.[Voir au bas du même article en allemand]

  • (Article paru en anglais le 21 décembre 2024)

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