«Une attaque sur un est une attaque sur nous tous !»

Un piquet de grève des travailleurs de Dakkota à l’usine d’assemblage Ford de Chicago exige que les pièces venant de briseurs de grève soient interdites

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Les travailleurs de l’usine de pièces Dakkota sur un piquet de grève à Chicago le 27 août 2024

Les travailleurs du secteur des pièces détachées de Dakkota à Chicago sont courageusement en grève depuis près d'un mois. Ils ont rejeté quatre ententes de capitulation distinctes de l'UAW et de l'entreprise qui leur imposeraient des salaires de misère, malgré les menaces de lock-out et de mises à pied proférées par l'UAW et l'entreprise.

La rébellion des travailleurs de Dakkota a gagné le soutien des travailleurs de Ford, des travailleurs des usines Dakkota du Michigan et d'autres travailleurs des Trois Grands de l'automobile.

Mercredi après-midi, dans un développement d'une immense importance dans la lutte des classes, les travailleurs de Dakkota ont cherché à briser l'isolement imposé par la bureaucratie de l'UAW et à passer à l'offensive en organisant un piquet de grève à l'usine d'assemblage Ford de Chicago pendant le changement d'équipe.

Les travailleurs ont remis aux travailleurs de Ford la déclaration récemment publiée par le comité de base des travailleurs de Dakkota, intitulée «Soutenez la grève à Dakkota ! Une attaque sur un est une attaque sur nous tous ! Non aux pièces venant de briseurs de grève à Dakkota !»

Actuellement, la bureaucratie de l'UAW et la section locale 551 de l'UAW ont forcé les travailleurs de l'usine Ford à continuer à utiliser les pièces produites par les briseurs de grève de Dakkota. Mais les travailleurs de Ford s'opposent de plus en plus à l'utilisation de pièces produites par des briseurs de grève, mais l'UAW les ignore complètement.

Le piquet de grève dressé par les travailleurs de Dakkota devant l'usine Ford est le premier de ce type depuis des décennies. Il exprime les aspirations objectives des travailleurs à étendre leur grève contre les salaires de misère dans l'industrie automobile et à lier leur lutte à celle contre les licenciements.

L'impact des piquets de grève des travailleurs de Dakkota devant l'usine d'assemblage de Ford à Chicago a déjà commencé à se faire sentir, les travailleurs de Ford réagissant avec colère sur les médias sociaux.

Un ouvrier de Ford a répondu : «L’Internationale vous laisse en plan. Aucun membre de CAP/551 n'aurait dû prendre la moindre pièce venant d’un briseur de grève ! Cela va à l'encontre de tout ce que l'UAW défend ! Où est la solidarité pour [les travailleurs de Dakkota dans] 3212 !?»

Sur le piquet de grève mardi, les travailleurs de Dakkota ont adressé un message clair aux travailleurs de Ford : «Arrêtez d'utiliser des pièces venant de briseurs de grève !»

Les travailleurs ont exigé : «Ne touchez pas aux pièces de briseurs de grève ! Nous avons besoin de l’ajustement au coût de la vie, tout comme vous. Nous sommes restés là quelques mois avec vous, à vous soutenir de la même manière, et nous n'avons pas été payés pour cela, mais nous étions là». Un travailleur a lancé un appel : «Frères et sœurs de l'UAW, un point c'est tout. N'utilisez pas ces pièces de briseurs de grève.»

Un autre travailleur a dit aux ouvriers de Ford : «S'ils ferment Ford, cela coûtera de l'argent à l'entreprise. Soutenez notre grève ! Nous vous avons soutenus lorsque vous avez fait grève. Nous n'avions plus d'emploi. Nous n'avons pas reçu d'indemnités de grève durant la grève. Vous ne devriez pas utiliser ces pièces»..

Les travailleurs n'hésitent pas à exprimer leur colère contre les responsables de l'UAW. Le président de l'UAW, Shawn Fain, d'autres dirigeants de l'UAW International et les responsables de la section locale 3212 de l'UAW ont réagi à l'échec répété de leurs ententes de trahison en menaçant les travailleurs, leur disant que s'ils n'acceptaient pas les exigences de Dakkota, ils seraient licenciés.

«Ils essaient simplement de nous faire reprendre le travail», a déclaré une travailleuse au World Socialist Web Site mardi. «Ils n'essaient pas de discuter ou d'entendre ce que nous voulons. Ils veulent juste que nous retournions au travail. Les personnes du syndicat ne viennent ici que pour essayer de nous convaincre d'accepter une convention collective.

«Les offres sont terribles», a-t-elle poursuivi. «Le syndicat ne se bat pas pour ce que nous voulons. Il essaie seulement de négocier pour nous ramener sur la production.»

Un travailleur d’expérience de Dakkota a déclaré : «Nous ne sommes pas représentés. Lors d'une grève, on voit généralement un membre du syndicat quelque part. Ils ne sont venus ici que pour nous convaincre de reprendre le travail». Il a ajouté : «Ils veulent nous menacer : si nous ne reprenons pas le travail, nous serons licenciés.»

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D'autres travailleurs ont évoqué l'énorme disparité de leur salaire par rapport aux bénéfices considérables de l'entreprise. «Ils ont gagné 1,1 milliard de dollars en 2023, ce qui représente 366.667 dollars par employé», a déclaré un travailleur. «Et ils emploient 3000 personnes dans l'ensemble de l'entreprise. Nous sommes payés une misère, et ils engrangent les bénéfices. Ce n'est pas normal. C'est nous qui faisons le travail. C'est nous qui sommes assis dans ce bâtiment en train de frire. Ce sont des conditions de travail injustes.»

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Pour deux travailleurs, l'une des plus grandes sources de frustration a été les tentatives des bureaucrates de l'UAW d'obliger les travailleurs à voter plusieurs fois sur la même proposition. Pour ne rien arranger, ils l'ont fait sans donner aux travailleurs le temps d'étudier l’entente et d'en discuter entre eux.

«En l'espace de sept jours, nous avons voté trois fois», a raconté un travailleur. «Il n'y a eu aucune explication sur les différentes parties de la convention collective. Les documents nous ont été remis le jour du vote. Nous n'avons pas eu le temps de réfléchir à ce que nous allions faire. Bien, c'est une sorte d'intimidation.»

Les travailleurs ont indiqué que depuis que l’entente a été rejetée par la base, l'UAW les punit en retirant même le soutien le plus élémentaire à la grève. «Ils nous isolent. Pas d'eau. Nous n'avons pas de glace. Cela épuise tout le monde.»

Faisant référence au 1,1 million de dollars que l'UAW a donné au Parti démocrate, un travailleur a déclaré : «Ils donnent de l'argent sous nos yeux !»

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Les travailleurs ont été furieux d'apprendre que Fain, après avoir pris la parole à la Convention nationale du Parti démocrate, était de nouveau à Chicago pour assister à la Conférence des femmes de l'UAW. Lors de cette conférence, il a rencontré Julie Su, secrétaire d'État au Travail par intérim de Joe Biden, qui a approuvé l'installation de Fain à la présidence de l'UAW à l'issue d'une élection illégitime dont 90 % des membres de l'UAW ont été exclus.

Le 25 juin, un juge fédéral du Michigan a jugé «arbitraire» et totalement illégitime le refus de Su de donner suite aux plaintes pour musèlement systématique du droit de vote déposées par Will Lehman, un ouvrier de l'automobile de la base.

Un travailleur en grève a fait part de ses commentaires : «Je suis ici depuis sept ans. Je ne sais pas qui il est. Il [Fain] pourrait passer devant moi et je ne le saurais pas. Il n'est pas venu ici.»

Un autre sujet de colère des travailleurs à l'égard de la bureaucratie de l'UAW est que les groupes de travailleurs sur les médias sociaux ont été censurés par les responsables syndicaux, ce qui rend difficile le partage d'informations et la coordination des actions de grève. Après le quatrième rejet d’entente, l'UAW a fermé la page Facebook de la section locale, où les travailleurs ont exprimé leur indignation d'avoir été contraints de voter à maintes reprises.

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«L'application a disparu. Nous avions une application UAW. Ils l'ont mise en place, puis ils s'en sont débarrassés. Nous avions une page UAW avec les représentants syndicaux. Ils l'ont supprimée après notre troisième vote en sept jours. Ils nous ont empêchés de nous exprimer.»

Un autre travailleur a ajouté : «La raison d'être de cette page était de nous permettre de faire part de nos commentaires et de nos préoccupations. Mais vous nous avez empêchés de le faire !»

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(Article paru en anglais le 29 août 2024)

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