Le RN néofasciste donne ses ordres au nouveau gouvernement français

Le RN compte dicter les politiques du gouvernement du Premier ministre Michel Barnier, récemment nommé par Macron avec le soutien du RN à l’Assemblée. Barnier avance des positions d'extrême droite en faveur des guerres de l'OTAN, des mesures d'austérité de l'UE et d’une politique anti-immigrés draconienne. Néanmoins, le RN indique qu'il veut définir l'ordre du jour du gouvernement, qui s'appuie sur les votes du RN afin de rassembler une majorité parlementaire.

Marine Le Pen s'exprime pendant que Jordan Bardella, président du Rassemblement national, écoute au siège du parti. [AP Photo/Lewis Joly]

Dans un entretien accordé à La Tribune dimanche, la cheffe du RN, Marine Le Pen, s'est vantée d'avoir imposé le choix de Barnier et a détaillé ses attentes en matière de politique anti-immigrés. Macron, a-t-elle dit, «a tenu compte des critères du RN dans le choix de son premier ministre. … Michel Barnier semble avoir, sur l’immigration, le même constat que le nôtre».

Réitérant ce point, elle a poursuivi: «Il est incontestable que Michel Barnier semble avoir, sur l’immigration, le même constat que le nôtre. Maintenant, nous attendons de lui des actes. Il l’a dit lui même lors de la passation des pouvoirs : moins dire, plus faire».

Ces remarques confirment que le gouvernement Barnier est le premier gouvernement français depuis le régime collaborationniste de Vichy à chercher le soutien de l'extrême droite. Cela met en évidence la faillite politique de Jean-Luc Mélenchon et du Nouveau Front Populaire (NFP). Le NFP a fait une alliance électorale avec Macron, prétendument pour empêcher le RN d'arriver au pouvoir, mais Macron a piétiné l’élection et nommé un gouvernement d'extrême droite.

Puisque des millions de travailleurs votent pour le RN, il faut noter que les propos de Le Pen démasquent la politique ultra-réactionnaire de son parti, qu'elle cherche à minimiser. Son parti s'inscrit cependant dans la tradition politique créée par le régime de Vichy. Il apporte son soutien à un président détesté qui gouverne contre le peuple, ampute les retraites, soutient le génocide à Gaza et fait pression pour une intervention militaire française en Ukraine contre la Russie.

Dans La Tribune, Le Pen a souligné qu'elle stabiliserait et soutiendrait le gouvernement Barnier. Elle a souligné que l'intention du RN n’estt pas de faire obstruction au nouveau gouvernement, car son « souhait n’[était] pas de susciter un blocage». Elle a ajouté : «Si nous l’avions souhaité, nous aurions fait comme le Nouveau Front populaire et menacé de censurer tout le monde. Ce n’est pas notre état d’esprit».

De même, le président du RN, Jordan Bardella, a promis à TF1 samedi soir que le RN ne créerait pas d'instabilité politique en bloquant le gouvernement. Il a déclaré qu'il ne voulait pas participer au « au désordre institutionnel et au chaos démocratique » en censurant d’emblée le futur gouvernement, avec lequel Bardella a affirmé n'avoir eu « aucune discussion directement».

La formation de ce qui est un gouvernement d'extrême droite démasque la faillite de Mélenchon et du NFP, alors que toute la bourgeoisie française vire brusquement vers la droite. Cela justifie les avertissements faits par le WSWS sur le programme pro-impérialiste du NFP et sur sa base sociale bourgeoise et des classes moyennes. En effet, le programme du NFP préconisait des mesures de droite telles que le soutien à la guerre de l'OTAN contre la Russie et le renforcement du renseignement et de la gendarmerie en France.

En juin, Macron a dissous l’Assemblée, espérant obtenir une majorité pour un gouvernement de droite voire d'extrême-droite. Il comptait poursuivre ses politiques réactionnaires contre la classe ouvrière, intensifier les mesures xénophobes contre les immigrés et mener la guerre de l'OTAN contre la Russie. Mais c'est le contraire qui s'est produit en raison de l'opposition populaire au président des riches. Le NFP – une alliance du PS bourgeois, des staliniens, des Verts et de La France insoumise (LFI) de Mélenchon – est arrivé en tête.

Le NFP a remporté 182 sièges le 7 juillet, le RN d'extrême droite a obtenu 143 sièges, et la coalition Ensemble de Macron 163 sièges, en grande partie parce que le NFP a soutenu les candidats d'Ensemble pour bloquer le RN au second tour. Le résultat a toutefois rapidement mis en évidence le gouffre séparant les intentions des travailleurs des résultats de la politique du NFP.

Les travailleurs ont voté pour le NFP afin d’empêcher le RN de prendre le pouvoir. Mais en faisant campagne pour les candidats d'Ensemble, le NFP a aidé Macron à former une coalition avec les néofascistes.

Macron a refusé de nommer un candidat du NFP au poste de Premier ministre et, après des discussions secrètes avec les dirigeants du RN, a attendu sept semaines pour finalement nommer Barnier à la tête d'un gouvernement minoritaire de droite soutenu par le RN. Ce résultat réactionnaire est le produit de l’étouffement répété de la lutte de classe par le NFP et ses bureaucraties syndicales alliées.

L'année dernière, des millions de personnes ont protesté contre la réforme des retraites de Macron, qui a porté l'âge de la retraite à 64 ans pour financer l'économie de guerre. À l'époque, les deux tiers de la population souhaitaient une grève générale pour faire chuter Macron, tout comme une écrasante majorité de la population s'oppose à l’envoi de troupes françaises au sol en Ukraine contre la Russie. Mais les appareils syndicaux, Mélenchon, le PCF et leurs alliés ont mis fin à toutes les manifestations contre la réforme, permettant ainsi son adoption.

Après les élections du 7 juillet, Mélenchon a refusé de mobiliser la classe ouvrière contre le refus de Macron de respecter les élections. Le NFP n'a pas appelé à une seule grève là-dessus de tout l'été, laissant à Macron le temps de planifier l'installation d'un gouvernement d'extrême droite. Le NFP n'a appelé à une seule manifestation, le 7 septembre, quand Macron a choisi sans surprise un réactionnaire, Barnier.

S’exprimant vendredi à TF1, Barnier a assuré que l’État entre dans une «nouvelle époque». L'ancien ministre de droite et négociateur de l'UE pour le Brexit a justifié sa nomination par sa «capacité de négocier, de mettre des gens ensemble, de les respecter, de les écouter».

Interrogé sur la réforme des retraites de 2023, qu'il compte poursuivre avec de nouvelles coupes, Barnier a dit vouloir «ouvrir le débat» pour une «amélioration» de la réforme, ajoutant: «Je vais ouvrir le débat sur l’amélioration de cette loi pour les personnes les plus fragiles et je le ferai avec les partenaires sociaux». C'est un signal que les bureaucraties syndicales liées au NFP préparent des pourparlers avec le régime d'extrême droite de Barnier sur de nouvelles attaques sociales.

Macron, ainsi que toute la classe dirigeante, est discrédité. Dimanche, lorsqu'il a assisté à la cérémonie finale des Jeux paralympiques à Paris, des milliers de personnes l'ont hué.

L'opposition à la légitimation de l'extrême droite par la bourgeoisie ne peut cependant pas être dirigée par le NFP pourri et Mélenchon, qui sont depuis des décennies des outils de l'impérialisme français, hostiles aux travailleurs. La défense des droits sociaux et démocratiques et la lutte contre le génocide et la guerre nécessitent la construction d'un mouvement dans la classe ouvrière luttant pour le socialisme contre les forces de pseudo-gauche comme Mélenchon.

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